
Par René HABERT, Président de l’ACB.
On lit souvent que Claude Bernard est le fils d’un modeste vigneron. C’est une double inexactitude car ses parents n’étaient ni modestes ni vignerons. Et, comme beaucoup d’erreurs, elle est reprise à l’envi dans les différents articles qui s’intéressent à la biographie de Claude Bernard, sans doute pour embellir ses mérites, comme s’il en avait besoin !
Claude Bernard n’est pas le fils d’un vigneron
Son père, Jean-François Bernard, était négociant en vin. Il n’a jamais cultivé la vigne ni fabriqué du vin ce qui est la définition d’un vigneron.
Les parents de Claude Bernard étaient, en fait, propriétaires de 7 hectares de vignes, lesquels étaient travaillés par d’authentiques « modestes vignerons ».
Claude Bernard n’est pas issu d’une famille modeste
Le père et la mère de Claude Bernard appartenaient tous les deux à des familles bourgeoises, bien ancrées localement.
Son père était issu d’une famille de marchands qui possédait, depuis plusieurs générations, une importante propriété agricole au mas du Seigneret, à Fareins dans la Dombes. Il avait le droit de voter, ce qui, à l’époque, était réservé aux 10% les plus riches. Son grand-père paternel était maire d’Arnas, une commune limitrophe de Saint Julien.
Sa mère, Jeanne Saunier, était la fille d’un marchand de vin, propriétaire au hameau de Châtenay à Saint Julien. Elle avait apporté en dot la maison dans laquelle est né Claude Bernard et les hectares de vignes attenants. Cette maison possédait un pigeonnier (toujours présent aujourd’hui) afin de communiquer avec les autres familles riches. A noter que les deux grands-mères de Claude Bernard étaient sœurs (et donc les parents de Claude Bernard étaient cousins germains).

A l’âge de 20 ans, Claude Bernard avait tiré un « mauvais » numéro lors du tirage au sort qui désignait ceux qui devaient effectuer le service militaire – lequel durait 7 ans à l’époque- et ceux qui en étaient dispensés. Sa famille a alors payé un remplaçant qui, lui, avait tiré un « bon numéro ». C’est ainsi que Claude Bernard est monté à Paris pour faire ses études, pendant que son remplaçant effectuait le service militaire qu’il aurait dû faire.. s’il avait été « le fils d’un modeste vigneron ».
Il est étonnant qu’une telle erreur sur l’origine sociale de Claude Bernard ait les reins si solides puisqu’il est évident qu’avant Paul Bert et Jules Ferry, un « fils de modeste vigneron » n’avait pas droit à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Comment aurait-il pu être médecin-chercheur sans savoir lire ni écrire ?